Ecocide
Depuis ses premières réalisations photographiques, Richard Baron interroge l’image en tant que représentation dumonde sensible et tente de trouver une réponse photographique aux désordres de ses sentiments qui entrent enrésonnance avec ceux de notre société.
Cette société qu’il connaît bien puisqu’il passe sa vie professionnelle à la photographier se révèle être, malgré lesmirages et les beaux discours, une société « autodestructrice ». C’est de ce constat qu’est né le principe de la « destruction » de la photographie par la photographie. Médiumhautement reproductible, emblème de la consommation de masse, la photographie incarne en elle-même l’Ecocide. Ce néologisme répond ici à cette première série d’image réalisée au cours de l’année 2012.
Plastiquement, Richard dépasse la simple destruction ou dégradation physique de la photographie, tout comme le simple constat visuel de déshérence humaine ou matérielle. L’ « autodestruction » photographique est ainsi conçue comme un réassemblage de ses ektachromes issus de son premier travail photographique. C’est ainsi que l’associationd’images purement photographiques porte en elle-même une construction nouvelle qui tour à tour se rapproche de la
netteté photographique pour s’en éloigner et évoquer une pâte beaucoup plus picturale. De l’idée de l’ « autodestruction de la photographie » c’est en fait une nouvelle construction de l’image qui est ici mise au point. Son travail questionne le quotidien mystérieux d’un monde émotionnel, où l’homme semble se lancer à corps perdu dans le déni de sa propre nature et de son propre corps, stigmatisé par l’impact des modèles de vie qu’il s’impose.
En filigrane d’une production sensiblement autobiographique, Richard Baron traverse les apparences troubles de la réalité et entreprend l’autopsie photographique d’une humanité errante sur des territoires de sentiments où se mêlent nécessité de solitude et recherche de l’autre.